Laclos Rôle des femmes à l’époque du libertinage
La femme, chasseur ou gibier, est omniprésente. Quelques-unes ont passé l'âge du libertinage et, sont devenues sages par nécessité, se chargent d'incarner la vertu ou de représenter une autre époque tristement révolue, gardiennes de valeurs oubliées.
Elles sont simples objets du désir. En face de l'homme qui raisonne et calcule, on leur confie volontiers l'apanage de la sensibilité et par conséquent l'aptitude à la souffrance. Quitte à faire parfois peser sur elles la responsabilité de la décadence des mœurs.
Si elle est vertueuse et décidée à demeurer fidèle à ses devoirs, la femme est fréquemment victime d'un jeu savamment mené dans lequel elle a cru, à tort, être capable de s'arrêter à temps. Lorsque, sous le fallacieux couvert de l'amitié et de la confiance, elles engagent une correspondance habilement sollicitée par le libertin.
La femme, certes, n'est pas toujours innocente et vertueuse et, plutôt que victime des manœuvres masculines, elle peut s'en rendre complice, mais avec un lourd handicap.
Elle demeure en effet prisonnière des règles et des bienséances, tenue à la prudence : ce qui assure la gloire du séducteur fait sa déchéance.
Dans la société, l'un et l'autre peuvent sembler jouer le même rôle, mais la symétrie n'est qu'apparente. Là où l'homme claironnera sa victoire, la femme doit la savourer dans le mensonge et le secret.
Entre l'homme et la femme comme entre les classes sociales, l'inégalité devant l'amour et le plaisir doit engendrer un rapport de maître à esclave où la femme ne peut se défendre que par la dissimulation et l'artifice.
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